Sarah Viola, seule belge de la future ligue féminine de football américain aux USA: "Les critiques ? Je n’en ai rien à cirer"
Sarah Viola va devenir la première Belge à pratiquer son sport aux USA.
- Publié le 08-03-2021 à 09h35
- Mis à jour le 13-03-2021 à 20h33
Ce lundi 8 mars, c’est la Journée internationale des droits des femmes. S’il est malheureux de devoir, à notre époque, leur consacrer une journée afin de pointer du doigt les injustices auxquelles elles sont soumises, cela offre également l’occasion de mettre en exergue des personnalités fortes.
Sarah Viola, joueuse de football américain, en fait certainement partie. La Bruxelloise de 25 ans espère bien partir à la conquête de l’Ouest, dès que le Covid-19 ne sera plus qu’un mauvais souvenir, et aimerait vivre de son sport. "Je faisais du judo jusqu’à mes 10 ans , nous raconte la jeune femme. Ma maman a voulu que je pratique un sport collectif. Lors d’une démonstration, il y avait du football américain, notamment du flag, soit la version sans contact sur un petit terrain. J’étais hyper hésitante, mais j’ai essayé et au final, je n’ai plus jamais lâché."
"Pas d’équipe féminine en Belgique"
S’il n’est déjà pas simple de pratiquer le football américain en Belgique, les écueils sont nombreux à surmonter pour une jeune fille qui veut s’adonner à sa passion. Mais, mordue, Sarah Viola ne lâche rien. "En Belgique, tout est mixte, il n’y a aucune équipe purement féminine" , souffle celle qui termine cette année ses études de kiné avec les stages. "J’ai dû mûrir plus vite. Maintenant, je ne joue plus avec des hommes. Je suis dans un monde masculin depuis mes 10 ans. J’étais souvent la seule fille qui jouait au flag, puis au foot américain. Cela m’a aidé à me forger un caractère."
Il en faut certainement pour se faire une place sur un terrain de foot US. "Je mesure 1,68 m pour 63 kilos. Je suis petite pour une receveuse ou une quarterback. Au niveau du poids, je suis normale par rapport à ma taille. Avec ma rapidité, je peux faire l’affaire en receveuse. C’est le côté stratégie du sport qui me plaît. Il n’est pas seulement question de contacts. Il faut avoir une lecture, une stratégie à mettre en place. C’est comme un jeu d’échecs."
Sarah Viola a rapidement mordu à l’hameçon, soutenue dans sa passion par ses parents, sportifs eux aussi. "De base, je suis receveuse de formation. Je joue aussi quarterback. C’est la tête pensante de l’équipe qui gère l’attaque. Je pense être meilleure receveuse. J’ai plus de pratique et de technique. J’ai une très bonne vision de jeu. Je bosse explosivité et puissance. Si je n’ai pas spécialement de force, ce n’est pas grave. La technique peut faire en sorte qu’une personne de 100 kilos soit bloquée par quelqu’un de 63 kilos."
La Bruxelloise est animée par un esprit de conquête, une passion dévorante qui lui a déjà fait traverser l’Atlantique, une première fois, après sa rétho. "J’ai fait un an à Boston. J’ai pris une année sabbatique pour apprendre l’anglais. Le matin, j’avais donc cours. Après, j’avais les entraînements quatre fois par semaine, sans compter le match et ma préparation physique."
Sur place, elle nourrit son amour pour le foot US et apprécie d’autant plus les New England Patriots, la franchise du coin. "J’étais déjà fan avant d’y aller", sourit la joueuse des Brussels Tigers. "J’ai deux modèles en receveur que j’aime beaucoup regarder, dont Julian Edelman. Il a vraiment mon profil, il est petit, rapide. En quarterback, j’adore Tom Brady et sa vision du jeu."
"Ce sport est fait pour tout le monde"
Sarah Viola combine avec passion et détermination ses études de kiné et la pratique du football américain. À tel point qu’elle rejoindra dès que possible (décembre ?) les Las Vegas Devils, lors du lancement de la ligue féminine aux USA, devenant ainsi la première Belge à vivre de la pratique du foot US. "Je veux montrer que je ne suis pas arrivée de nulle part", assure celle qui continue à s’entraîner et espère jouer en Allemagne, dans une ligue féminine, dès que les frontières seront ouvertes. "Vivre de ma passion, très peu y parviennent. C’est déjà difficile pour un homme, alors être la première Belge, c’est un truc de dingue. Je suis prête à tout lâcher. Mes parents le savent. Je suis jeune ; si je ne le fais pas maintenant, je ne le ferai pas après. Ce n’est pas une décision prise à la légère. Ma famille le comprend, surtout mes parents. Ils m’ont suivie, ils ont vu ma passion, qui est très importante. Ils seraient heureux si je pouvais vivre de ça."
Et cela permettrait aux esprits chagrins de ravaler leur bile. "Quand les gens apprennent que je joue au football américain, ils sont surpris", explique la jeune célibataire. "Ils pensent au début que je dis ça pour me la péter. J’explique alors l’intensité que je mets et ce que je fais ; je suis prise plus au sérieux. Alors, oui, j’ai parfois des messages sur les réseaux sociaux disant qu’une fille ne doit pas faire de football américain, mais de la danse. Je n’en ai rien à cirer. Les gens peuvent parler. Cela ne me touche pas spécialement. Ce sport est fait pour tout le monde. C’est grâce à ce sport que je suis où j’en suis. Je conseillerais d’ailleurs aux jeunes filles de se lancer…."